Agenda
Organisé par le Réseau Interdisciplinarité et Société (RIS)
Orateur(s) : Intervenant: Martin Deleixhe - Politologue, post-doctorant à la KULeuven
Discussion: Sophie Klimis - Philosophe, Université Saint-Louis et Mauricio Garcia - Psychologue-psychanalyste, Université Saint-Louis

Retour sur "Violence et civilité" d'Etienne Balibar

Etienne Balibar, philosophe d’inspiration marxiste, a récemment rédigé un commentaire serré des thématiques de la violence et de la civilité dans l’œuvre de Hegel. Si sa relecture offre une conceptualisation stimulante de la civilité, elle soulève également plusieurs problèmes dont les enjeux politiques sont lourds. Dans mon intervention, je m’attarderai l’un des plus épineux, à savoir le rapport entre la société civile et la notion de civilité.

Soucieux de se maintenir à l’écart d’une condamnation purement morale de la violence, et souhaitant défendre la possibilité d’une résistance politique non-pacifique mais émancipatrice, Balibar distingue d’une part la cruauté, forme extrême de la violence dont les effets ne peuvent être que destructeurs, et d’autre part, une violence qui peut avoir des conséquences politiques constructives. Ce qui permet de maintenir la violence à distance de ses formes les plus destructrices, c’est alors la pratique de la civilité. Cette vertu individuelle ne peut cependant se soutenir d’elle-même et requiert la présence d’une institution collective pour parvenir à ses fins modératrices. Cette institution, c’est la société civile, dont Hegel est un des premiers à percevoir l’indépendance vis-à-vis de l’Etat et le rôle politique crucial.

Je voudrais, dans cette contribution, réinscrire la société civile dans son cadre institutionnel et interroger ses limites. Car si la société civile est la sphère sociale dans laquelle les sujets politiques font la découverte de leur dépendance mutuelle et apprennent par conséquent à cultiver la civilité dans leurs échanges, elle est également le lieu où se creusent leurs inégalités et naissent les motifs d’une violence future. Autrement dit, la société civile est à la fois le berceau de la civilité et de la violence. La question est alors de savoir lequel de ces deux principes l’emportent en son sein. La société civile est-elle le moteur d’une harmonisation du social ou le creuset des conflits politiques ? Sans prétendre apporter de réponse définitive à cette question, j’espère à tout le moins clarifier les enjeux politiques d’une discussion sur le rôle de la civilité au sein de la société civile.

Inscription gratuite mais obligatoire, via le lien ci-dessous.